En cas de succès, cette acquisition viendrait clore un premier semestre particulièrement animé pour les banques françaises en matière de croissance externe. « Ce n'est pas un hasard si c'est une année très active », estime Patrick Leclerc, analyste chez Exane-BNP Paribas. « C'est le résultat d'une situation très favorable en termes de cash-flow et d'une accélération de la consolidation du secteur qui force les différents acteurs à avoir une stratégie de croissance dynamique. » L'année dernière encore, les banques françaises ont, en effet, enregistré d'excellents résultats, le record étant détenu par le groupe Crédit agricole avec près de 6 milliards d'euros de bénéfice net. Ce qui lui a permis de dévoiler, en décembre, un plan de développement international doté d'une enveloppe de 5 milliards d'euros. Obtenir la taille critiqueDeux mois plus tard, c'est BNP Paribas qui ouvrait le bal. L'achat de l'italienne Banca Nazionale del Lavoro (BNL) pour 9 milliards d'euros a fait l'effet d'un électrochoc. En pénétrant sur le sol italien, BNP Paribas s'offrait un second marché domestique et creusait l'écart avec ses concurrentes. C'est la seule acquisition de ces derniers mois qui ait véritablement changé le profil de son acquéreur. Une opération qui confirme aussi l'intérêt porté par les Françaises au bassin méditerranéen pour des raisons évidentes de proximité culturelle et géographique, mais aussi de régulation dans des pays en pleine ouverture. La franco-belge Dexia prit ainsi la suite en conquérant pour 2 milliards d'euros DenizBank en Turquie. Et Société générale - qui s'est installée en juillet à l'Est, en Croatie, en déboursant un milliard d'euros - a poursuivi le développement de son dispositif de services financiers spécialisés en Grèce et au Portugal afin de devenir leader du crédit à la consommation en Europe. Autant de moyens pour les banques françaises d'obtenir des relais de croissance à l'étranger, de renforcer leurs réseaux de distribution et, surtout, de faire « un pas supplémentaire en matière de taille critique », selon l'analyste d'Exane-BNP Paribas. KEREN LENTSCHNER. Le figaro le 29 juillet 2006